Pendant plus d’un millénaire, les Marquisiens aménagent leur territoire d’une façon remarquable.
Les berges des rivières sont consolidées par des enrochements, les pentes aménagées de
tarodières et de terrasses de culture : ignames, patates douces, bananiers, bananiers
huetu (fei), ihi (châtaigniers de Polynésie) dont on trouve de beaux exemples dans la
vallée de Taaoa. Le meì est devenu la principale ressource : le surplus, stocké dans
de grands ùa ma (fosse silo), est la base de la popoi.
Les petits groupes d’habitations s’égrènent le long des cours d’eau. Les maisons, construites
de matériaux végétaux, sont élevées sur des plates-formes de pierres (paepae). La population
se réunit sur le tohua (place de cérémonies) commun à la tribu. Le culte des ancêtres est
célébré aussi bien au sein de l’unité d’habitation (meàe familial) qu’au niveau tribal
(plates-formes sacrées placées à un endroit privilégié du tohua et meàe retirés sur les
pentes abruptes et les crêtes). Quelques lieux particuliers sont vénérés par toute la
population de l’île et même de l’archipel.
Périodes historiques
Les escales de Mendana (1595) et de Cook (1774) ont peu d’effets apparents sur la culture
marquisienne.
Après 1790, la fréquentation des baleiniers et navires de commerce introduit les outils
de fer, les cotonnades, des animaux (chevaux, chèvres…), des végétaux divers, les armes
à feu, l’alcool et, involontairement, des maladies épidémiques qui décimeront en un peu
plus d’un siècle les trois quarts de la population (variole, tuberculose, syphilis, grippe etc.).
En 1842, le contre amiral Abel Dupetit-Thouars, à bord de La Reine Blanche accompagné de
cinq autres vaisseaux de guerre, prend possession des îles de l’archipel au nom du roi
des Français en faisant signer le traité par les chefs de Tahuata puis par ceux de
Nuku Hiva (Bailleul, 2001 p.89).
En 1855, a lieu la première tentative d’établir une mission catholique à Puamau sur la
côte nord-est de Hiva Oa.
Entre 1870 et 1880, la population du groupe sud, particulièrement celle de Hiva Oa et
Fatuiva, se rebelle contre l’autorité étrangère. Cette rébellion sera matée en juin et
juillet 1880 par Bergasse Dupetit Thouars (neveu et fils adoptif d’Abel) à l’aide de
1000 hommes « sans effusion de sang » (Bailleul, 2001, p.113-119).
Dès lors, sommés par l’Eglise et l’Etat d’abandonner toutes les formes d’expression de
leur culture (rituels religieux, tatouages, danses, langue) pour en afficher une autre
fondamentalement différente, décimés par les maladies et le désespoir, les Marquisiens
ont progressivement oublié leurs racines.
S’ils n’ont pas tous disparu, c’est grâce au
dévouement de quelques uns, médecins et religieux. En 1920, la tendance démographique
s’inverse enfin.
En 1945, les Marquisiens deviennent citoyens français. A cette époque, l’archipel sort
peu à peu de l’oubli mais l’intérêt pour l’ancienne culture se manifeste surtout par la
collecte de statues et d’objets anciens.
En 1970, le renouveau culturel, stimulé par une toute nouvelle association « Motu Haka »,
se manifeste à travers le réveil de la langue marquisienne, les recherches généalogiques et
légendaires et la création du Festival des Arts. Celui-ci a permis à nombre de pratiques
traditionnelles (danses, chants, tatouages, récits, arts culinaires et ornementaux…) de
revivre au cours de plusieurs jours de fête réunissant les forces vives de tout l’archipel
et les émissaires d’archipels de tout le Pacifique.